Vu... Mademoiselle Chambon.

A sa sortie, j'espérais déjà le voir. Mais c'était sans compter sur "la surchage émotive" (jolie expression pour parler de grosse déprime!!!) que je nourrissais aisément de ces films "de nanas" ou "d'intello", sous entendu, ces films qui secouent parce qu'on s'y retrouve toujours un peu... Sortie DVD. Il faudrait que je le voie...

Ce soir, plusieurs choix de films; et comme toujours, mon coeur ne balancera pas vers les comédies. Il devrait sans doute. Je lis le synopsis...

"Jean est quelqu'un de bien : un bon maçon, un bon fils, un bon père et un bon mari. Et dans son quotidien sans heurt, entre famille et travail, il croise la route de Mademoiselle Chambon, l'institutrice de son fils. Il est un homme de peu de mots, elle vient d'un monde différent. Ils vont être dépassés par l'évidence des sentiments."

Allez, il y a des mots qui ne trompent pas. Ce film est celui de ma soirée. Après tout, s'il ne font pas sourire, les films doivent bien nous apporter quelque chose, un autre regard sur la vie, un autre regard sur notre vie...

Je ne suis pas vraiment sensible au charme dégagée par l'actrice Sandrine Kiberlain en général. J'admire le jeu de Lindon. Comme souvent, le réalisateur m'est inconnu. Voilà mes a priori d'avant visionnage...

Dès les premières scènes, le ton du film est donné. Simplicité et prise de temps. Sourire-anecdote lorsque le duo Lindon/Atika s'arrache les cheveux pour comprendre les devoirs de leur fils. Je reconnais le manuel du gamin et souris à la lecture de la leçon qui n'est surement pas dans le manuel!!! C'est d'ailleurs assez troublant qu'un réalisateur mette en opposition deux milieux de vie en abordant le thème du savoir. C'est que je me bats tellement contre cette idée au quotidien! Ah... et non, toutes les instits ne passent pas leur temps libre à écouter de la musique classique et à jouer du violon!

Simplicité. Peu d'acteurs, de paysages. De jolis plans serrés centrés sur les personnages principaux. Très peu de dialogues, beaucoup de silences et de regards, en témoigne cette sublime scène présentée par les médias à la sortie du film. Jean et Mademoiselle Chambon dans un canapé, cherchant à combler les silences, sans pour autant pouvoir parler, fuyant mutuellement leurs regards, sans pouvoir s'empêcher de profiter de chacune des expressions de l'autre. Une main tendue, deux coeurs qui se serrent. Un léger baiser. Soupirs... gorges certainement bien sèches. Et puis plus rien...dans leur gestes, pas dans leurs coeurs.

Du temps. Certaines critiques reprochent à Brizé la lenteur du déroulement. C'est drôle, j'ai trouvé justement que là était toute la beauté de ce film. Savoir tenir "en haleine" le spectateur face à la simplicité de ce film. Bien sûr qu'on pourrait attendre l'explosion passionnée de tout film d'amour qui se respecte, mais je crois justement que les plus réussis ne sont pas ceux-là. J'ai même été surprise d'un "rebondissement" que je n'attendais pas. Le silence des larmes en guise d'adieu. On croit savoir dès le début que cet amour est condamné. Mais le film ne se termine pas ici. Des limites finalement dépassées, des promesses inespérées, des espoirs qui s'éloigneront dans un train.. Un joli plan final, qui, à l'image du film, chargé de non-dits et de symboles, parle de lui-même.

Comme attendu, j'ai été bouleversée par la douce pudeur de ce film et le jeu de ses acteurs. D'ailleurs, bien qu'avec un rôle secondaire, Aure Atika, dans le rôle de la femme "trompée" qui voit mais ne dit rien, a une vraie présence. On pourrait reprocher la banalité du sujet; la déchirure d'un amour impossible, le choix du coeur et de la raison, le courage ou la lacheté de tout quitter par amour... Mais Brizé sait entraîner le spectateur dans l'intimité de ces choix, de ces sentiments sans "en faire trop". Joli film.